L'impact de la COVID-19 sur la malnutrition

Entre 1990 et 2020, le nombre d'enfants de moins de 5 ans atteints de malnutrition chronique est passé de 253 millions à 144 millions, ce qui signifie que 109 millions d'enfants supplémentaires ont pu atteindre leur plein potentiel.
Hélas, en raison de la COVID-19, cette courbe s’est inversée pour la première fois en 3 décennies. Ainsi, il est estimé que, d’ici 2022, la malnutrition chronique touchera 2,6 millions d'enfants supplémentaires. Ce sont 2,6 millions d'enfants supplémentaires dont l'avenir risque d'être à jamais bouleversé à cause de cette maladie.

Sources:

Alors que la crise de la COVID-19 continue de se propager dans le monde mettant en danger les moyens de subsistance et les vies humaines, la pandémie a des effets dévastateurs sur des millions de personnes qui souffraient déjà de la faim et de la malnutrition.
Nombre d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition chronique (atteints de retard de croissance)

Quel est l'effet de la COVID-19 sur la malnutrition ?

1. Pertes de revenus

Un régime qui couvre les besoins nutritionnels de base d’une personne ne coûte en moyenne que 2,3 $ US par jour dans le monde. Et pourtant, avant la pandémie, 1,5 milliard de personnes dans le monde ne pouvaient déjà pas se le permettre. L'Organisation internationale du travail (OIT) estime que les pertes de revenus du travail se sont élevées à 3 500 milliards de dollars (5,5% du PIB mondial) au cours des trois premiers trimestres de 2020. Ce chiffre ne prend pas en compte les presque 1,6 milliard de personnes travaillant dans l'économie informelle qui ont été fortement touchées par la crise. Rien qu'en Afrique, les revenus des travailleuses et travailleurs informels pourraient baisser de plus de 80 %. Les aliments nutritifs, qui sont souvent les plus chers, sont les premiers à être exclus de l'alimentation familiale en cas de perte de revenus. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les personnes les plus pauvres, qui dépendent souvent du salaire journalier d’un travail informel et n'ont que peu voire pas d’épargne.

2. Perturbations de la chaîne d'approvisionnement

Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement alimentaire et la fermeture des marchés ont affecté la capacité des agriculteurs à vendre leurs récoltes et la capacité des populations à acheter de la nourriture. Dans 25 pays, 89% des personnes interrogées ont signalé une augmentation du prix des denrées alimentaires sur les marchés locaux. Les fermetures d’écoles à l’échelle nationale ont parfois privé les enfants des repas à la cantine, qui pour beaucoup constituaient la seule source de nutrition. La mise en œuvre des programmes humanitaires et de développement a également été affectée par les restrictions de déplacement, en particulier pour les programmes communautaires qui nécessitent des rencontres en face à face, et notamment les programmes visant à améliorer les comportements nutritionnels.

3. Systèmes de santé tendus et accès aux services restreints

Dans un contexte où la pandémie a à la fois surchargé les centres de santé et rendu beaucoup réticents à l’idée d’aller chez le médecin de peur d'attraper le virus, le cercle vicieux de la malnutrition peut rapidement devenir mortel. En effet, la malnutrition affaiblit le système immunitaire. À son tour, un système immunitaire affaibli empêche l'absorption des nutriments, ce qui aggrave la malnutrition